Yoroï

Le 29/10/2025

Dans Cinéma

Yoroï - un film de Orelsan et David Tomaszewski - 29 octobre 2025

Après une dernière tournée éprouvante, Aurélien décide de s’installer au Japon avec sa femme Nanako, enceinte de leur premier enfant. Alors que le couple emménage dans une maison traditionnelle au cœur de la campagne japonaise, Aurélien découvre, dans un puits, une armure ancestrale qui réveille d’étranges créatures : les Yokaïs.

Soyons honnêtes : écrire une critique objective de ce film, c’était compliqué. Je suis fan d’Orelsan depuis longtemps, alors forcément, quand j’ai appris qu’il jouait dans un long-métrage qui sortait de son univers habituel, j’étais curieuse et impatiente.

Et alors, qu’est-ce que ça donne ?
Eh bien, Yoroï ne sera pas le film de l’année, Orelsan reste bien meilleur rappeur qu’acteur, mais il m’a franchement surprise. Il se débrouille plutôt bien, surtout dans un rôle plus introspectif, plus fragile que ce qu’on a l’habitude de voir chez lui.

Orelsan

Orelsan, hors de sa zone de confort

Le film est co-réalisé par David Tomaszewski, qui n’avait encore jamais vraiment signé de long-métrage. Il vient du monde du clip, et ça se voit : chaque plan est millimétré, stylisé, parfois un peu trop. Il avait déjà travaillé avec Orelsan sur plusieurs clips, et cette complicité se ressent. On sent qu’ils se comprennent, qu’ils parlent le même langage visuel.

Mais justement, ce regard de réalisateur de clips, c’est à la fois la force et la limite du film.
Tomaszewski ne respecte pas vraiment les codes classiques du cinéma d’action. Il ose, il tente, quitte à y aller parfois avec de gros sabots. Certaines scènes sont trop appuyées, trop “effet clippé”, presque démonstratives. Mais en même temps, c’est ce qui fait le charme du projet : il ne cherche pas à faire comme tout le monde.

L’histoire est claire, les enjeux sont vite posés. On comprend rapidement où le film veut aller et quel est le lien entre le personnage et Orelsan lui-même. Les effets spéciaux sont réussis, et même si certaines séquences paraissent un peu tirées par les cheveux, ça reste cohérent avec l’univers du film.

Les décors japonais sont magnifiques, la photographie très soignée, et la bande-son évidemment impeccable, produite par Orelsan lui-même, avec des morceaux qu’on retrouvera dans son prochain album.

Mais soyons honnêtes : ce n’est pas un film parfait. Les émotions peinent parfois à passer, les acteurs secondaires sont inégaux, et certains dialogues manquent un peu de naturel. Pourtant, il y a une vraie sincérité dans la démarche, et c’est ce qui m’a accrochée.

 

Une introspection masquée sous l’armure

Au-delà des combats et de l’humour, Yoroï parle surtout de soi. De ses démons, de ses peurs, de la manière dont on évolue avec le temps. Orelsan y explore des thèmes qu’il évoquait déjà dans ses textes, mais ici d’une manière plus frontale, plus adulte. On découvre un homme qui devient père, qui s’interroge sur la transmission, sur la façon d’affronter ce qui le hante.

Le film prend alors une dimension plus intime, presque thérapeutique.Sous ses airs de divertissement un peu foutraque, Yoroï cache un vrai message sur le développement personnel, sur le fait de vieillir, de changer, d’apprendre à vivre avec soi-même.

Yoroï ne gagnera sans doute pas de prix, et c’est très bien comme ça. C’est un film imparfait, parfois maladroit, souvent trop ambitieux, mais sincère. Un objet un peu étrange, à mi-chemin entre le clip, le conte et l’introspection.

Un film à regarder sans prise de tête, mais qui, mine de rien, laisse un petit quelque chose derrière lui. Entre humour, action, amour et réflexion, Yoroï prouve surtout qu’Orelsan, comme Tomaszewski, n’a pas peur d’expérimenter, quitte à en faire trop. Et franchement, c’est tout à leur honneur.

Léna