Après deux mois d’absence, je commence donc cette rentrée avec un film fort, un film que je n’attendais pas forcément et qui pourtant m’a littéralement explosé au visage. Une belle claque, comme je n’en avais pas reçu depuis un moment. J’ai tellement de choses à dire que je ne sais même pas par où commencer.
Peut-être par l’histoire : durant 1h55, nous suivons Luis et son fils Estéban, partis à la recherche de la fille aînée disparue. Ensemble, ils traversent les montagnes du sud du Maroc et plongent dans l’univers des raves. Ils rencontrent alors un groupe de ravers qui tentent de les aider. Mais l’immensité brûlante du désert est parfois plus forte que les limites humaines de ce groupe.
Je me suis d’abord demandé : pourquoi autant de plans sur les ravers ? Pourquoi autant de moments où, à part la danse, il ne se passe rien ? Et c’est là que j’ai compris : le film fait exactement l’inverse de ce dont je me plaignais. Il nous invite à prendre le temps. À regarder. À admirer. À tenter de comprendre la condition humaine au cœur de ces rassemblements. Car en vérité, le film interroge cela : pourquoi, dans un contexte de fin du monde, d’apocalypse totale, la priorité serait-elle de danser des jours entiers dans un désert ? Pour moi, ici, la rave symbolise la volonté d’un échappatoire : mettre le monde sur pause, pendant que ce même monde court à sa perte.
Le film installe une véritable ambiance apocalyptique : des déserts à perte de vue, des camions transformés en maisons, la lutte pour trouver de l’essence quitte à piller les autres, mais aussi la violence, la mort. Ce contraste est frappant : la fête qui n’est pas vraiment une fête, mais une fuite en avant, un refuge.
Mais comme dans tout film qui met le doigt sur un sujet de société, il arrive un moment où la réalité rattrape tout le monde. ATTENTION SPOILER. La mort soudaine, brutale, terriblement violente de plus de la moitié du groupe marque un tournant. Elle nous met face à la réalité, sans prévenir. Ces scènes dramatiques et fulgurantes rappellent que les drames surgissent sans crier gare. On s’attendait à retrouver la fille disparue, ou à voir la petite famille tisser des liens avec le groupe. Des relations commençaient d’ailleurs à naître… Mais non : en quelques secondes, le petit garçon meurt, et vingt minutes plus tard, trois autres explosent. C’est choquant, inattendu, et c’est justement ce contraste qui brise l’illusion de l’échappatoire.
Voilà, c’est ainsi que j’ai compris et perçu le film. Mais il existe sans doute mille façons de le lire, mille symboliques possibles. “On appelle aussi Sirāt le pont qui relie l'enfer et le paradis” : une dualité qui illustre parfaitement les deux chemins de ce film.
PS : il faut tout de même saluer la place de la musique. Moi qui suis une grande admiratrice de techno, j’y ai trouvé mon compte.