5 Septembre

Le 18/03/2025

Dans Cinéma

5 septembre – Un drame captivant de Tim Fehlbaum (Sortie : 5 février 2025)

5 sept

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en lançant ce film, et pourtant, il m’a agréablement surprise. 5 septembre retrace l’un des événements les plus marquants de l’histoire des médias : la prise d’otages lors des Jeux olympiques de Munich en 1972. À travers le regard d’une équipe de télévision américaine, le film nous plonge dans la course effrénée pour couvrir ce drame mondial, entre enjeux journalistiques et erreurs tragiques.



Une mise en scène historique

Avant même d’aborder le fond, il faut saluer la forme. Ce thriller germano-américain réunit un casting impressionnant qui insuffle une intensité remarquable au récit. Marqué par des événements tragiques, 5 septembre réussit à faire ressentir toute la palette d’émotions que peut engendrer une prise d’otages suivie en temps réel dans une rédaction : la colère, l’angoisse, le stress, la peur.

Le film suit particulièrement Geoff, un jeune producteur ambitieux prêt à tout pour prouver sa valeur à Roone Arledge, son patron et figure emblématique de la télévision. Aux côtés de Marianne, une interprète allemande, et de son mentor Marvin Bader, il se retrouve confronté aux dilemmes du journalisme en continu : jusqu’où aller pour l’information ? Où placer la frontière entre reportage et voyeurisme ?

Visuellement, le film est une réussite. L’ambiance des années 70 est restituée avec une minutie impressionnante : l’image au grain d’époque, les technologies alors qualifiées de "dernier cri", les méthodes parfois discutables des rédactions… Pour une jeune journaliste en devenir, cette plongée dans l’univers médiatique des années 70 s’apparente presque à un documentaire.

5 sept bis

Une critique toujours aussi pertinente

Ce qui rend 5 septembre si puissant, c’est la résonance de son propos, même cinquante ans après les faits. À l’heure où l’instantanéité de l’information et la course au scoop dominent, le film pose une question essentielle : jusqu’où peut-on aller pour être le premier ? Dans cette lutte acharnée pour l’exclusivité, les journalistes du film sont prêts à tout : diffuser des informations non vérifiées, spéculer sur les responsables, exploiter la peur et la détresse des témoins, voire même mettre leur propre vie en danger pour obtenir une image choc.

Ce thriller interroge ainsi la part d’humanité qu’il reste dans un métier censé être guidé par la vérité et la déontologie. Loin du journalisme idéalisé, 5 septembre met en lumière ses dérives : la manipulation, l’opportunisme, le dépassement des limites éthiques sous prétexte d’informer. On ressort de la séance avec une foule de questions en tête. Le journalisme, aussi noble soit-il à l’origine, est-il devenu un métier dépourvu d’humanité ? Où s’arrête la quête d’information et où commence l’exploitation du sensationnel ?

Un film coup de poing qui, au-delà de sa reconstitution historique, nous pousse à réfléchir sur les valeurs de la profession et les dérives du journalisme moderne.

Léna